Source : site de la Préfecture de police de Paris

Une conférence sur les « items non verbaux lors de l’interrogatoire » s'est tenue le 5 janvier 2012 devant un parterre de policiers issus de toutes les directions de la préfecture de police, animée par un synergologue, policier, sergent détective au service enquête de police de la ville de Montréal. Il est venu présenter cette discipline issue du champ de la « communication non verbale » basée sur les neurosciences.

Photo : comportements

Le mot synergologie trouve ses racines dans le grec ancien : préfixe syn (sun) : être ensemble, ergon : travail, et logos : discours.

Cette pratique permet aux policiers formés d’appréhender les réactions inconscientes d’une personne interrogée (victime, témoin, auteur) et de comprendre ses réactions émotionnelles : non-dits ou mensonges à travers sa gestuelle.

Appliquée au monde de l’investigation, cette technique d’analyse pourrait s’avérer d’un grand soutien face à une personne qui dissimule la vérité lors d’une audition. Selon les « spécialistes » du langage corporel, il existe un répertoire de 2800 gestes dont certains cumulés permettent de savoir si quelqu’un ment ou s’il est sincère. L’un des instants privilégiés pour connaître la vérité est le moment précis où la question est posée, car certains « micromouvements » (qui durent moins d’une seconde) sont observables sur la personne interrogée avant même qu’elle puisse verbaliser sa réponse.

Autre indices révélateurs : la gestuelle du corps (amplitude des mouvements de bras, hochements de tête, position des jambes), ou le comportement des mains lorsque la personne discute avec son interlocuteur… Le rôle du synergologue est de chercher la vérité, non pas dans ce que dit la « bouche », mais dans ce que révèle le corps. Une posture de retrait (un pas un arrière ou mouvement de buste) peut marquer une défiance ou une surprise, une « microdémangeaison » sous la narine gauche peut trahir le signe d’un mensonge… Une poignée de main effectuée avec une certaine inclinaison pourrait témoigner une volonté de supériorité, une attitude écroulée (position fœtale) sur une chaise synonyme de culpabilité. Tous ces mouvements sont autant d’ « items » (éléments) que le synergologue décrypte avec beaucoup de précautions.  

Même si certains détracteurs restent sceptiques par rapport à cette discipline qui n’est pas une science, il semble indéniable que le corps possède sa façon de s’exprimer et que dans 80 % des cas, le non verbal précède le verbal. Selon le psychologue Albert Mehrabian, célèbre pour ses publications sur la différence d’impact entre les messages verbaux et non verbaux, « dans un échange, les mots représentent 7 % de la communication, 38 % le ton, le timbre et l’intonation de la voix, tandis que le langage non verbal occupe 55 % des messages véritablement transmis ».

Fondée par le chercheur en sciences humaines Philippe Turchet, la synergologie existe depuis 1980. Elle est couramment utilisée au Québec par les policiers, douaniers ou psychologues. Actuellement, cinq policiers en France (dont certains de Paris et la petite couronne) suivent la formation synergologie, terme qui ne figure pas encore dans les dictionnaires.

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