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Nicolas Sarkozy, face à Yves Calvi - "parlons des affaires" - et Jean-pierre Pernaut - "Giulia et Carla, comment elles vont ?" sur France 2 jeudi 27 octobre 2011.

 

On le dit nerveux, agité, bourré de tics, du moins est-ce la perception qu'ont les gens de lui. Ce soir, c'était le président qui assure, le président qui rassure. Conforme au brief élyséen qui semble avoir été bien tenu. Jusqu'où ? Analyse des principaux effets et gestes.

Sentiment général

 Tout de suite, le président raconte la crise avec le souci pédagogique qui pourrait convenir à "la minute nécessaire de Monsieur Europe". Avant même d'avoir ouvert la bouche, les mains sont jointes, doigts détendus et espacés, dirigées vers les interlocuteurs, en mode "je n'ai rien à cacher" et "je veux tout vous dire". Les mouvements d'épaules, les moues et rictus de la bouche, même les micro-démangeaisons (phénomène qui consiste à se gratterune partie du corps) sont maîtrisées un tant soit peu dans ce Sarkozy quasi méconnaissable jusqu'à la ryhtmique, vocale ou l'intonation. C'est qu'il tout entier sur sa posture intellectuelle de faire de la pédagogie et le reste de la communication non verbale s'aligne.

Un président solennel dont on remarque la ride de l'anxiété davantage creusée que d'ordinaire. Il s'agit de la ligne verticale entre les deux yeux, sur la partie la plus à droite du front.

Tout cela fonctionne bien jusqu'à l'arrivée de la politique intérieure et des "affaires". On retrouve les mouvements d'épaules et autres réactions précedemment citées ou les micro-tractions sur la veste (combativité), comme les réajustements des manches de costume (recadrage).

 

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Quatre catégories de gestes peuvent retenir l'attention :

- les clignements de l'oeil gauche, en oeuvre à chaque fois qu'est évoqué un sujet suscitant une émotion négative ; "est-ce l'Allemagne qui a décidé de ce qu'il fallait faire à ce sommet" (en substance) question posée par Jean-Pierre Pernaut vers 20h20 ; le passage sur l'impôt sur les sociétés qui doit être harmonisé entre la France et l'Allemagne ; la question du financement de la protection sociale de 20h53 à 20h59 ; et intéressant au plan politique, l'évocation de François Hollande vers 21h22 où l'oeil cligne à deux reprises en l'espace de quelques secondes ; on peut vraiment y lire que le président n'est pas en pleine réjouissance intérieure à la perspective d'affronter le socialiste, en dépit d'un discours sur l'estime qu'il porte à ses adversaires politiques.


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Revoir notre système de protection sociale...


- les micro-démangeaisons (en réalité, il faudrait micro-grattages) autour de la zone du nez, sachant qu'il y a une bonne dizaine de façons d'intervenir sur cette zone ; le geste que je retiens, c'est celui, furtif, réalisé lorsqu'il aborde "la règle d'or", il y a là un rejet, le sentiment qu'on lui cache quelque chose, un "truc" qu'il ne sent pas, mais qui inattendument renvoie non à l'opposition qui se serait "grandie" en le soutenant, mais à la majorité dont il a sans doute encore du mal à accepter les divergences sur le sujet.

Une autre micro-démangeaison intéressante aura lieu sur la base gauche du nez, cette fois-ci, lorsq'il évoque les "ambitions qui sont les miennes" ; c'est la manifestation d'un non-dit fort. Se représentera, se représentera pas ? Une surprise du chef n'est pas à exclure.


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La règle d'or et la majorité...

 

- le retour des gestes dits figuratifs en deuxième moitié de prestation ; ils servent à décrire, pour ne pas dire mimer le contenu du discours, ainsi "distorsions", "convergences", "dans un monde ouvert" se verront attribuer leur équivalent gestuel. C'est une habitude fortement ancrée chez les politiques de tomber dans le panneau et la facilité de mimer ainsi ; c'est hélas comme j'ai l'occasion de le dire à longueur de colonnes ou dans les médias, totalement con-tre-pro-duc-tif ! Toutes les études le montrent, l'opinion publique décode comme un menteur celui qui fabrique de tels gestes, car il donne à figurer une réalité qui n'existe pas suffisamment fort dans esprit. on est loin du poing fermé, sûrement sincère, dans lequel lire de la détermination quand Sarkozy explique son rôle, ses missions, ses combats pour la France.

 

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Faire converger les économies françaises et allemandes...

 

- avec le mouvement des mains dans l'espace, on peut lire des logiques préférentielles ; à quelques reprises, on verra l'hôpital par exemple, la pré-retraite, les 35 heures, constituer des priorités moindres ou être associés négativement dans son esprit, alors que les usines et les questions économiques ont davantage sa faveur ; le positionnement dans l'espace clairement à droite, éloigné du tronc du président, atteste qu'il place les premiers sujets hors de sa "bulle" personnelle.


Il faut s'arrêter une minute sur Yves Calvi qui nous offre sur les premières réponses du président, une attitude de vigilance et d'analyse distanciée, la tête penche à droit (axe latéral droit) et il présente à son interlocuteur son hémivisage droit. Calvi n'est pas prêt à tout prendre pour argent comptant...


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      Yves Calvi en grande perplexité et circonspection...

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Politique
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